24 novembre 2003

Elephant

Vu ce soir avec un autre objecteur de conscience. Drame de Gus Van Sant. Avec Alex Frost (Alex), John Robinson (John), Elias McConnell (Elias), Eric Deulen (Eric), Jordan Taylor (Jordan), Carrie Finklea (Carrie), Nicole George (Nicole), Brittany Mountain (Brittany), Alicia Miles (Acadia), Kristen Hicks (Michelle), Bennie Dixon (Benny), Nathan Tyson (Nathan), Timothy Bottoms (Mr. McFarland, le père de John), Matt Malloy (Mr. Luce, le proviseur).

L'histoire, tout le monde la connaît avant d'aller voir le film : deux adolescents font un carnage avec des armes à feu dans leur lycée, à Portland.

Tout l'art de Gus Van Sant réside en deux principes forts :
  1. ne pas prendre position (ne pas juger ou essayer d'expliquer les motivations des protagonistes) ;
  2. faire monter le suspense par une construction scénaristique et visuelle totalement maîtrisée.
C'est ce dernier point que j'ai particulièrement apprécié.

Les astuces techniques que j'ai notées : variation de la profondeur de champ (lors des déplacements, elle est particulièrement courte ce qui donne une ambiance très particulière), ralentis et retours vitesse normale progressifs, caméras suiveuses (plans américains de dos, steadycam ?), champs/contre-champs à retardement (le contre-champ pouvant arriver plusieurs séquences après le champ), chamboulement de la chronologie (quelques plans aident à s'y retrouver, mais on ne comprend vraiment quand se sont passés certains événements que vers la fin du film).

La construction du film est exemplaire. Au début, on croit que le film est lent et on découvre ensuite (bien plus tard) que Gus Van Sant nous montre des événements simultanés. A chaque fois qu'on croit pouvoir s'ennuyer, on découvre une nouvelle astuce de montage... Et on ne s'ennuie donc jamais.

La construction du film nous met sur de fausses pistes. On se dit « voilà un des tueurs. Avec sa vie, je comprends qu'il ait fini ainsi ». Et bien sûr on se trompe (ce qui, d'ailleurs, donne quelques bonnes claques aux partisans trop enthousiastes du déterminisme social). De la même manière, une fois qu'on connaît l'identité des deux tueurs, on croit à chaque séquence « ça y est, ils vont commencer le carnage », mais non : un autre flashback remplace l'événement qu'on appréhende (d'autant plus qu'à chaque flashback, notre compréhension de l'espace-temps se faisant plus précis, on reconnaît les situations prémices du drame).

Le film a été palme d'or et prix de la réalisation au festival de Cannes 2003. Cela prouve que le jury de Cannes ne peut pas toujours se tromper. Il a aussi obtenu le prix de l'Éducation Nationale (???).

Magnifique.

>> site officiel du film elephant

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